LE RĀMĀYANA AU MUSÈE D’ART ORIENTAL DE VENISE
Traduction du texte italien de Marta Boscolo Marchi du catalogue Ramayana.
English translation
Traduction en français du texte de Daniele Farrara
LE RĀMĀYANA AU MUSÈE D’ART ORIENTAL DE VENISE
L'exposition au Musée d'Art Oriental de Venise, organisée par le Directeur Madame Marta Boscolo Marchi et par l'Association pour le Rayonnement des Cultures Himalayennes et l’ICI Venice - Institut Culturel International, offre au public quelques suggestions le long d'un parcours fascinant grâce aux témoignages artistiques de l'Extrême-Orient du Musée qui sera l'objet dans peu d'années d'un nouvel aménagement dans l’ancienne église de Saint Grégoire où la collection sera transférée. L'exposition s'articule en deux sections, liées toutes les deux à la représentation théâtrale. Les masques de la collection de Alain Rouveure arrivent du Nord des Indes et appartiennent à l'ethnie Rajbanshi, présente aussi et surtout dans le Bihar et dans le Bengale indien. Ces masques représentent certains d'entre les nombreux personnages qui peuplent le poème épique Rāmāyana, écrit par le savant Valmiki, un fondement de la tradition religieuse et philosophique hindouiste. Les origines de ce poème sont entre le VIe et le IIIe siècle av. J.-C. et voici un premier élément de suggestion, celui de l'effet de distanciation si l'on pense que ces masques, même si ils sont du XIXème siècle, témoignent des images, des gestes, des actions qui appartiennent à une époque très ancienne. Une continuité culturelle qui se maintient presque pure, c'est à dire sans l'influence d'autres religions ou codes ce qui au contrarie est un phénomène fréquent en Occident. Comme dans les poèmes homériques, le Rāmāyana est un ensemble organisé de connaissances et modèles culturels d'une civilisation entière. Il a toujours connu une grande diffusion, témoignée aussi par ces masques, où dessin et couleur traduisent les personnages de l'histoire en icônes. Une popularité, lointaine et actuelle au même temps, qui se retrouve dans les "nouveaux masques" diffusés aux Indes par exemple, à la fin des années '80 du siècle passé, par les séries télévisées du Rāmāyana, avec les téléspectateurs les plus respectueux de la religion qui couronnaient les télévisions avec des guirlandes de fleurs. Le Rāmāyana, avec la diffusion de l'hindouisme en Indonésie, a été très connu grâce au wayang kulit, c'est-à-dire le théâtre des ombres indonésien, dont le Musée d'Art Oriental possède des exemplaires intéressants. Un autre cadre théâtrale est donc témoigné où religion et expression figurative sont intrinsèquement liées, et où la dynamique de la vision des marionnettes reflète la structure de la pensée hindouiste. La vision pleine des marionnettes, dans leur matérialité et couleurs, était réservée un temps exclusivement aux hommes, tandis que les femmes pouvaient seulement apercevoir le bord des figures à travers leurs ombres : la vision de l'image de la divinité était limitée pour elles. L’exposition propose donc au public un parcours avec des oeuvres qui, au-delà de la signification artistique que nous y reconnaissons, synthétisent une vision du monde et de la vie, dont il sera très intéressant de découvrir les points de convergence et de distinction.
(Fig.1) RAMA, figure du wayang kulit, Java, deuxième moitié du XIXème siècle inv. n. 9131
Daniele Ferrara
Directeur du Pôle Muséal du Veneto